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deuxième classe

La seconde sorte de produit brut dont le prix s’élève dans les progrès de la civilisation est celle que l’industrie humaine peut multiplier à proportion de la demande ; elle consiste dans ces plantes et ces animaux utiles que la nature produit dans les pays incultes avec tant de profusion qu’ils n’ont que peu ou point de valeur, et qui, à mesure que la culture s’étend, sont forcés par elle de céder le terrain à quelque produit plus profitable. Pendant une longue période dans le cours des progrès de la civilisation, la quantité des produits de cette classe va toujours en augmentant. Ainsi, leur valeur réelle, la quantité réelle de travail qu’ils peuvent acheter ou commander, s’élève par degrés jusqu’à ce qu’enfin elle monte assez haut pour en faire un produit aussi avantageux que toute autre production venue, à l’aide de l’industrie humaine, sur les terres les plus fertiles et les mieux cultivées. Quand elle est arrivée là, elle ne peut guère aller plus haut ; autrement, pour augmenter la quantité du produit, on y consacrerait bientôt plus de terre et plus d’industrie.

Par exemple, quand le prix du bétail s’élève assez haut pour qu’il y ait autant de profit à cultiver la terre en nature de subsistances pour le bétail qu’en nature de subsistances pour l’homme, ce prix ne peut plus guère hausser ; si cela arrivait, une plus grande partie de terre à blé serait bientôt convertie en pâturages. L’extension du labourage, en diminuant la quantité des vaines pâtures, diminue la quantité de viande de boucherie que le pays produisait naturellement sans travail ou sans culture ; et elle en accroît la demande, parce qu’elle augmente le nombre de ceux qui ont du blé, ou, ce qui revient au même, qui ont le prix du blé à donner en échange pour de la viande. Ainsi, le prix de la viande de boucherie et, par conséquent du bétail, doit s’élever par degrés, jusqu’à ce qu’il monte assez haut pour qu’on trouve autant de profit à employer les terres les plus fertiles et les mieux cultivées à y faire venir de la nourriture pour le bétail, qu’à y faire venir du blé ; mais il faut que l’avancement ait déjà fait bien des progrès, avant que le labourage ne soit assez étendu pour faire monter à ce point le prix du bétail ; et jusqu’à ce que ce prix ait atteint un tel degré, il ira toujours en s’élevant, si le pays est constamment dans un état progressif. Il y a peut-être en Europe des endroits où le prix du bétail n’a pas