Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/389

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était sur le pied de 6 schellings 8 deniers le quarter, 12 schellings en auraient acheté 14 boisseaux et quatre cinquièmes de boisseau, lesquels coûteraient aujourd’hui, à raison de 3 schellings 6 deniers le boisseau, 51 schellings 4 deniers. Ainsi un cuir de bœuf, dans ces temps-là, aurait acheté autant de blé que 10 schellings 3 deniers en achèteraient à présent. Sa valeur réelle était égale à 10 schellings 3 deniers de notre monnaie actuelle. Dans ces temps anciens, où le bétail était à demi mourant de faim pendant la plus grande partie de l’hiver, il n’est pas à présumer qu’il fût d’une très-belle taille. Un cuir de bœuf qui pèse quatre stones[1] de seize livres avoir du poids, n’est pas regardé actuellement comme très-chétif, et aurait vraisemblablement passé pour très-beau dans ces temps-là. Or, un cuir de cette espèce, à raison d’une demi-couronne[2] le stone, qui est en ce moment (février 1773) le prix ordinaire, ne coûterait aujourd’hui que 10 schellings. Ainsi, quoique son prix nominal soit maintenant un peu plus haut qu’il n’était dans ces anciens temps, son prix réel, la quantité réelle de subsistances qu’il achètera ou dont il disposera, est plutôt de quelque chose au-dessous. Le prix des cuirs de vache, tel qu’il est porté dans le compte ci-dessus, approche beaucoup de sa proportion ordinaire avec le prix des cuirs de bœuf. Le prix des peaux de mouton" est fort au-dessus de cette proportion ; probablement qu’elles furent vendues avec leur laine ; celui des peaux de veau, au contraire, est de beaucoup au-dessous. Dans les pays où le prix du bétail est fort bas, les veaux qu’on n’a pas dessein d’élever pour entretenir le fonds de bétail de la ferme sont en général tués très-jeunes ; on en usait ainsi en Écosse il y a vingt ou trente ans. On épargne le lait que leur prix ne suffirait pas à payer ; en conséquence, leurs peaux ne sont ordinairement pas bonnes à grand-chose.

Le prix des peaux crues est de beaucoup plus bas aujourd’hui qu’il n’était il y a quelques années ; ce qui vient vraisemblablement de la suppression du droit sur les peaux de veau-marin[3], et de la permission qui a été donnée, en 1769, pour un temps limité, d’exporter les peaux crues de l’Irlande et des colonies, franches de droits. En faisant un taux

  1. Le stone est un poids usité pour certaines denrées particulières, notamment pour les cuirs.
  2. Environ trois francs.
  3. Les diverses peaux marines font un article considérable des pêches dans les mers du Nord, et notamment dans le commerce du Groënland.