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LIVRE II.


DE LA NATURE DES FONDS[1], DE LEUR ACCUMULATION
ET DE LEUR EMPLOI.




INTRODUCTION.


Quand la société est encore dans cet état d’enfance où il n’y a aucune division de travail, où il ne se fait presque point d’échanges et où chaque individu pourvoit lui-même à tous ses besoins, il n’est pas nécessaire qu’il existe aucun fonds accumulé ou amassé d’avance pour faire marcher les affaires de la société. Chaque homme cherche, dans sa propre industrie, les moyens de satisfaire aux besoins du moment, à mesure qu’ils se font sentir. Quand la faim le presse, il s’en va chasser dans la forêt ; quand son vêtement est usé, il s’habille avec la peau du premier animal qu’il tue ; et si sa hutte commence à menacer ruine, il la répare, du mieux qu’il peut, avec les branches d’arbres et la terre qui se trouvent sous sa main.

Mais, quand une fois la division du travail est généralement établie, un homme ne peut plus appliquer son travail personnel qu’à une bien petite partie des besoins qui lui surviennent. Il pourvoit à la plus grande partie de ces besoins par les produits du travail d’autrui achetés avec le produit de son travail, ou, ce qui revient au même, avec le prix de ce produit. Or, cet achat ne peut se faire à moins qu’il n’ait eu le temps, non-seulement d’achever tout à fait, mais encore de vendre le produit

  1. Ce mot est employé dans un sens moins étendu que celui que lui a attribué l’usage. Il est ici proprement opposé à ce qu’on entend par biens-fonds ou fonds de terre, et il signifie tout amas quelconque des produits de la terre ou du travail des manufactures. C’est dans ce dernier sens qu’il est pris, quand on dit un fonds de commerce, les fonds publics, etc. Il ne prend le nom de capital que lorsqu’il rapporte à son propriétaire un revenu ou un profit quelconque*. Garnier.

    *. Cette distinction entre les fonds et le capital n’est plus admise dans la langue de l’économie politique, et l’on désigne tous le nom général de capital ce que Smith appelle stock et capital. A. B.