Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/424

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dition de la majeure partie des ouvriers pauvres dans tous les pays[1].

Mais quand un homme possède un fonds accumulé suffisant pour le faire vivre des mois ou des années, il cherche naturellement à tirer un revenu de la majeure partie de ce fonds, en en réservant seulement pour sa consommation actuelle autant qu’il lui en faut pour le faire subsister jusqu’à ce que son revenu commence à lui rentrer. On peut donc distinguer en deux parties la totalité de ce fonds : celle dont il espère tirer un revenu s’appelle son capital ; l’autre est celle qui fournit immédiatement à sa consommation et qui consiste, ou bien, en premier lieu, dans cette portion de son fonds accumulé qu’il a originairement réservée pour cela ; ou bien en second lieu, dans son revenu, de quelque source qu’il provienne, à mesure qu’il lui rentre successivement ; ou bien, en troisième lieu, dans les effets par lui achetés les années précédentes avec l’une ou l’autre de ces choses, et qui ne sont pas encore entièrement consommés, tels qu’un fonds d’habits, d’ustensiles de ménage et autres effets semblables. L’un ou l’autre de ces trois articles, ou tous les trois, composent toujours le fonds que les hommes réservent d’ordinaire pour servir immédiatement à leur consommation personnelle.

  1. Cette distinction du fonds économique d’une nation (stock) en capital et revenu, est peu satisfaisante, et peut conduire à des conclusions erronées. Le capital d’une nation, dit l’auteur, comprend réellement toutes les parties du produit de l’industrie qui peuvent être directement employées à soutenir l’existence de l’homme ou à faciliter la production. Des portions de ce fonds, employées sans aucune intention de produire un revenu, sont souvent les plus productives. Par exemple, les fonds qu’un manufacturier emploie à sa consommation, et sans lesquels il ne pourrait subsister, sont regardés comme faisant partie du revenu ; et cependant il est évident qu’ils contribuent à augmenter sa richesse, et conséquemment celle du pays, autant qu’une quantité égale de fonds dépensés pour les ouvriers à son service. Il est toujours très-difficile de dire dans quel cas le fonds est productivement employé, et dans quel il ne l’est pas ; et toute définition du capital qui contient la détermination de ce point ne fait qu’embarrasser et obscurcir un sujet d’ailleurs très-simple par lui-même. D’après nos idées il suffit, pour faire considérer un objet comme capital, qu’il puisse concourir directement à soutenir l’existence de l’homme, ou l’aider à s’approprier ou à produire des choses utiles. Il est possible, à la vérité, qu’il ne soit employé à aucun de ces deux objets ; mais la question relative au mode d’emploi d’un objet est tout à fait distincte de la question de savoir s’il est un capital. Mac Culloch.