Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/426

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des instruments d’industrie qui ne peuvent s’établir qu’à très-grands frais. Dans les travaux des mines de charbon et des mines de toute espèce, les machines nécessaires pour détourner l’eau et pour d’autres opérations sont souvent encore plus dispendieuses.

Cette partie du capital du fermier qu’il emploie aux instruments d’agriculture est un capital fixe ; celle qu’il emploie en salaires et subsistances de ses valets de labour, est un capital circulant. Il tire un profit de l’un en le gardant en sa possession, et de l’autre en s’en dessaisissant. Le prix ou la valeur des bestiaux qu’il emploie à ses travaux est un capital fixe tout comme le prix de ses instruments d’agriculture ; leur nourriture est un capital circulant tout comme celle de ses valets de labour. Il fait un profit sur ses bestiaux de labourage et de charroi en les gardant, et sur leur nourriture en la mettant hors de ses mains. Mais quant au bétail qu’il achète et qu’il engraisse, non pour le faire travailler, mais pour le revendre, le prix et la nourriture de ce bétail sont l’un et l’autre un capital circulant ; car il n’en retire de profit qu’en s’en dessaisissant. Dans les pays de pacages, un troupeau de moutons ou de gros bétail, qu’on n’achète ni pour le faire travailler ni pour le revendre, mais pour faire un profit sur la laine, sur le lait et sur le croît du troupeau, est un capital fixe. Le profit de ces bestiaux se fait en les gardant ; leur nourriture est un capital circulant : on en tire profit en le mettant hors de ses mains, et ce capital revient ensuite avec son profit et avec celui du prix total du troupeau, dans le prix de la laine, du lait et du croît. La valeur entière des semences est aussi, à proprement parler, un capital fixe. Bien qu’elles aillent et reviennent sans cesse du champ au grenier, elles ne changent néanmoins jamais de maître, et ainsi on ne peut pas dire proprement qu’elles circulent. Le profit qu’elles donnent au fermier procède de leur multiplication, et non de leur vente.

Pris en masse, le fonds accumulé que possède un pays ou une société est le même que celui de ses habitants ou de ses membres ; il se divise donc naturellement en ces trois mêmes branches, dont chacune remplit une fonction distincte.

La première est cette portion réservée pour servir immédiatement à la consommation, et dont le caractère distinctif est de ne point rapporter de revenu ou de profit[1]. Elle consiste dans ce fonds de vivres, d’ha-

  1. Voir la note précédente.