Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/438

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fois nous n’entendons autre chose que les pièces de métal qui la composent ; quelquefois aussi nous renfermons dans la signification du mot un rapport confus aux choses qu’on peut avoir en échange pour cette somme, ou au pouvoir d’acheter que donne la possession de cet argent. Par exemple, quand nous disons que l’argent qui circule en Angleterre a été évalué à 18 millions sterl., nous voulons exprimer seulement le nombre des pièces de métal que quelques écrivains, d’après leurs calculs ou plutôt leur imagination, ont cru exister dans la circulation du pays. Mais quand nous disons qu’un homme a 50 ou 100 livres de rente, nous voulons ordinairement exprimer, non-seulement le montant des pièces de métal qui lui sont payées annuellement, mais la valeur des choses qu’il peut acheter ou consommer annuellement. Nous entendons communément affirmer quelle est ou doit être sa manière de vivre, ou bien quelle est la quantité et qualité des choses propres aux besoins et commodités de la vie, dont il est maître de se procurer la jouissance.

Lorsque, par une certaine somme d’argent, nous voulons exprimer non-seulement le montant des pièces de métal dont elle est composée, mais que nous entendons encore renfermer dans la signification du mot quelque rapport confus aux choses qu’on peut avoir en échange pour ces pièces, alors la richesse ou le revenu que cette somme indique dans ce cas, est égal seulement à une des deux valeurs qui se trouvent ainsi conjointes, par une sorte d’ambiguïté, dans le même mot, et plus promptement à la dernière qu’à la première, à ce que vaut l’argent, plutôt qu’à l’argent même.

Ainsi, si un particulier a une guinée de pension par semaine, il peut acheter avec, dans le cours d’une semaine, une certaine quantité de choses propres à sa subsistance, ses commodités et agréments. Sa richesse réelle, son revenu réel de la semaine sera grand ou petit, à proportion que sera grande ou petite la quantité de ces choses. Certainement, son revenu de la semaine n’est pas égal à la fois à la guinée et à ce qu’il peut acheter avec, mais seulement à l’une ou l’autre de ces deux valeurs égales, et plus proprement à la dernière qu’à la première ; à ce que vaut la guinée, plutôt qu’à la guinée elle-même.

Si la pension de ce particulier, au lieu de lui être payée en or, lui était payée en un billet d’une guinée à toucher par semaine, à coup sûr ce serait bien moins ce morceau de papier que ce qu’il pourrait acquérir par ce moyen, qui constituerait proprement son revenu. Or, une guinée