Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/503

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les travailleurs productifs et les non productifs, et ceux qui ne travaillent pas du tout, sont tous également entretenus par le produit annuel de la terre et du travail du pays. Ce produit, quelque grand qu’il puisse être, ne saurait être infini, et a nécessairement ses bornes. Suivant donc que, dans une année, une portion plus ou moins grande de ce produit est employée à entretenir des gens non productifs, plus ou moins grande sera la portion qui restera pour les gens productifs, et plus ou moins grand sera, par conséquent, le produit de l’année suivante ; la totalité du produit annuel, à l’exception des productions spontanées de la terre, étant le fruit du travail productif.

Quoique la totalité du produit annuel des terres et du travail d’un pays soit, sans aucun doute, destinée en définitive à fournir à la consommation de ses habitants et à leur procurer un revenu, cependant, à l’instant où il sort de la terre ou des mains des ouvriers productifs, il se divise naturellement en deux parties. L’une d’elles, et c’est souvent la plus forte, est, en premier lieu, destinée à remplacer un capital ou à renouveler la portion de vivres, de matières ou d’ouvrage fait qui a été retirée d’un capital ; l’autre est destinée à former un revenu, ou au maître de ce capital, comme profit, ou à quelque autre personne comme rente de sa terre. Ainsi, du produit de la terre, une partie remplace le capital du fermier ; l’autre paye son profit et la rente du propriétaire, et forme ainsi un revenu, et au maître de ce capital, comme profit de ses fonds, et à quelque autre personne, comme rente de sa terre. De même, du produit d’une grande manufacture, une partie, et c’est toujours la plus forte, remplace le capital de l’entrepreneur, l’autre paye son profit et forme ainsi un revenu au maître de ce capital[1].

  1. Nous ne voulons pas rappeler à ce sujet les vieilles idées des physiocrates du dix-huitième siècle sur le produit net. Quoique l’auteur ne les partage point, on sent que ces idées ont exercé un moment de l’influence sur son esprit. L’expérience et l’observation en ont fait justice. A. B.