Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/605

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vente au loin, et la majeure partie de l’un et de l’autre reste encore sans culture. Le commerce étranger du Portugal date d’une plus ancienne époque que celui d’aucun autre pays de l’Europe, l’Italie exceptée.

L’Italie est le seul grand pays de l’Europe qui paraisse avoir été cultivé et amélioré, dans toutes ses parties, par le moyen du commerce étranger et des manufactures destinées aux marchés éloignés. L’Italie, suivant Guichardin, était, avant l’invasion de Charles VIII, aussi bien cultivée dans les endroits les plus montagneux et les plus stériles que dans les plus unis et les plus fertiles. La situation avantageuse du pays, le grand nombre d’États indépendants qui y subsistaient alors, ne contribuèrent pas peu, vraisemblablement, à cette grande culture. Il n’est pas non plus impossible, malgré cette expression générale d’un des plus judicieux et des plus circonspects de nos historiens modernes, que l’Italie ne fût pas alors mieux cultivée que ne l’est aujourd’hui l’Angleterre.

Cependant, le capital acquis à un pays par le commerce et les manufactures n’est toujours pour lui qu’une possession très-précaire et très-incertaine, tant qu’il n’y en a pas quelque partie d’assurée et de réalisée dans la culture et l’amélioration de ses terres. Un marchand, comme on l’a très-bien dit, n’est nécessairement citoyen d’aucun pays en particulier. Il lui est, en grande partie, indifférent en quel lieu il tienne son commerce, et il ne faut que le plus léger dégoût pour qu’il se décide à emporter son capital d’un pays à un autre, et avec lui toute l’industrie que ce capital mettait en activité. On ne peut pas dire qu’aucune partie en appartienne à un pays en particulier, jusqu’à ce que ce capital y ait été répandu, pour ainsi dire, sur la surface de la terre en bâtiments ou en améliorations durables. De toutes ces immenses richesses qu’on dit avoir été possédées par la plupart des villes hanséatiques, il ne reste plus maintenant aucuns vestiges, si ce n’est dans les chroniques obscures des treizième et quatorzième siècles. On ne sait même que très-imparfaitement où quelques-unes d’entre elles furent situées, ou à quelles villes de l’Europe appartiennent les noms latins qui sont donnés à certaines de ces villes. Mais quoique les calamités qui désolèrent l’Italie sur la fin du quinzième siècle et au commencement du seizième aient extrêmement diminué le commerce et les manufactures des grandes villes de la Lombardie et de la Toscane, ces pays n’en sont pas moins encore au nombre des plus peuplés et des mieux cultivés de l’Eu-