Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/62

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des travailleurs et augmente la somme du travail national, et cette augmentation dans le nombre de bras employés parmi les nationaux dépendra de la nature d’emploi à laquelle le capital sera destiné.

Sous ce second rapport de l’augmentation des produits par une plus grande étendue de travail, la tâche du gouvernement est encore plus facile. Ici il n’a point à agir, il lui suffit de ne pas nuire. On ne lui demande que de protéger la liberté naturelle de l’industrie, de lui laisser ouverts tous les canaux dans lesquels elle sera entraînée par son impulsion spontanée et par la suggestion de l’intérêt privé, de l’abandonner à son propre penchant et de ne pas avoir la prétention de connaître mieux qu’elle dans quel sens elle doit diriger ses efforts, attendu que l’infaillible intérêt qui lui sert de guide, le sentiment de ce qui lui est le plus convenable ou le plus avantageux, la conduiront d’une manière plus sûre que ne pourront jamais le faire les soins et l’autorité de l’administration publique.

On voit que ces deux écoles, les seules que la philosophie moderne ait fondées sur cette branche de l’économie politique qui concerne la formation et la distribution des richesses, quoique différentes dans les principes sur lesquels elles établissent leur doctrine, s’accordent néanmoins sur ce point : c’est que le désir inné dans chaque individu d’améliorer sa condition est le premier mobile de l’accroissement progressif de la richesse nationale ; qu’ainsi ce désir, tant qu’il n’agit point d’une manière contraire aux droits d’autrui, doit jouir de la liberté la plus illimitée et de la protection la plus impartiale ; qu’il n’existe point dans une nation, sous le rapport de sa richesse, d’autre intérêt général que la réunion de tous les intérêts privés concourant librement au même but ; que c’est une erreur que de supposer dans ce cas un intérêt national en opposition avec les intérêts privés, et que de croire qu’on puisse jamais servir la chose publique en sacrifiant certains intérêts privés à d’autres intérêts privés. Elles s’accordent aussi à soutenir que la force publique n’a été confiée au gouvernement que pour lui donner les moyens de protéger également et sans aucune partialité le libre exercice du travail et de l’industrie, tant qu’il ne porte aucun dommage aux droits d’autrui ; que le gouvernement fait un abus injuste et déraisonnable du pouvoir qui lui a été remis, lorsqu’il ne couvre pas de la même protection tous les droits et tous les intérêts : injuste, lorsqu’il restreint et gêne la circulation du travail et de l’industrie par des créations de corporations,