Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/66

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tion, soit aux dépens de celle-ci quand les quantités produites sont insuffisantes et ne peuvent satisfaire à la quantité des demandes.

Toute cette partie de la doctrine de Smith est également neuve et lui appartient entièrement ; elle est toujours une déduction du même principe. Quand une marchandise est venue au marché où elle doit être vendue, elle y représente la quantité de travail qui a été employée à la produire, à la fabriquer et à la transporter ; et, dans l’état ordinaire des choses, il faut qu’elle obtienne en échange la même quantité de travail, sans quoi elle cesserait d’être produite ou de reparaître à ce marché. Le blé, qui est la subsistance de l’ouvrier, a aussi sa valeur naturelle réglée par le travail, mais d’après un autre principe. La valeur réelle d’une mesure de blé, année moyenne, c’est la quantité de travail qu’elle peut alimenter et entretenir dans l’état actuel de la société. C’est le prix qu’elle ne peut manquer de trouver, car il y a toujours du travail qui s’offre pour échange de la subsistance. Ainsi le possesseur de cette mesure de blé, soit qu’il veuille l’échanger contre du travail à faire, soit qu’il l’échange contre le travail fait, pourra commander ou obtenir une quantité égale au travail que cette portion de blé peut faire subsister.

C’est le travail qui règle toujours les conditions des échanges ; c’est lui qui constitue le prix naturel de toutes choses.


III. Méthode pour faciliter l’étude de l’ouvrage de Smith.


Tel est le résultat de la doctrine de Smith et le fruit qu’on doit recueillir de son immortel ouvrage. L’évidence du principe et l’enchaînement naturel des conséquences donnent à toute cette doctrine un caractère de simplicité et de vérité qui ne la rend pas moins admirable que convaincante.

Mais cette simplicité ne s’aperçoit pas au premier coup d’œil, et pour la reconnaître il faut beaucoup d’étude et de méditation. On ne peut se dissimuler que le défaut tant de fois reproché aux écrivains anglais de manquer de méthode et de négliger, en traitant les sciences, ces formes didactiques qui soulagent la mémoire du lecteur et guident son intelligence, se fait surtout sentir dans les Recherches sur la richesse des nations. Il semble que l’auteur ait pris la plume au moment où il était le plus exalté par l’importance de son sujet et par l’étendu de ses découvertes. Il débute par étaler aux yeux du lecteur les innombrables merveilles opérées par la division du travail,