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LE PLUMAGE DES OIES

mencent par le dos et finissent par le cou en passant par la bouchée des dames ; les moins habiles arrachent au hasard et n’avancent à rien. Ce soir, deux qui se poussent ce sont Baptiste et Luce, ils ont commencé en même temps que Léon et ils ont un brin plus d’avance. Et le voilà ce damné Baptiste qui se lève la tête en criant d’un air vainqueur : « Une autre de mieux ». Léon qui se sent pointé s’adresse à Philippe, le petit brun qui se dépêche comme un enragé de l’autre côté de la table avec Clara : « Sais-tu une chose ? » Et Philippe qui sait ce qui va venir prend un air vicieux et répond en accentuant : « Non ». — « Il paraît que Baptiste a renversé ce soir en arrivant ; il trouve que ce n’est pas toujours drôle faire le bras croche. » C’est un rire général. Les deux amoureux rougissent légèrement… puis, le moment d’après, Luce jette un demi regard dans les yeux de son cavalier et lui glisse un clin d’œil qui veut dire : « Je pense qu’ils voudraient être à notre place hein ? »

Les sœurs mariées plus sérieuses et surtout plus habituées que les filles, éventrent les oies plumées. C’est toute une besogne que d’éventrer une oie, comme une poule du reste. Il faut d’abord un couteau bien coupant ; il faut ensuite avoir de l’accoutumance. Alors vous fendez la