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Le « brayage du lin »



N’allez pas dire que nos bons habitants ne font plus de courvée. Tenez, dans le seul rang de l’Embarras, pas plus tard qu’aux dernières vacances, on a fait le levage de deux granges, chez les Landry et chez les Raymond. Et je sais bien qu’à la maison de chez nous, on braye encore le lin sur le bord de l’automne : ce qui permet au rouet de grand’mère, de ronronner souvent les soirs de poudrerie, et au vieux métier de ne pas loger trop longtemps dans le fond du hangar.

Ce soir, des bribes de souvenirs me trottent presque malgré moi, par la cervelle. Je vois comme si c’était d’hier, une bonne vieille courvée, quelque peu embrumée par les ans, mais qui est toute champêtre et toute canadienne, je puis vous l’acertainer. Je ne peux résister à l’envie de vous la raconter. C’est le brayage du lin, à la maison de mon père.

Un matin d’automne qu’il avait gelaudé plus que d’ordinaire, la paternité sonna plus tôt le réveil :