Page:Société Saint-Jean-Baptiste - La corvée (deuxième concours littéraire), 1917.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
139
LA CHANSON DU BER

Déjà il marche ; il récite sa première fable : « Un souriceau tout zeune, tout zeune… » Il pleure de rencontrer des obstacles. Isal n’ignore pas que les hommes, jeunes ou vieux, ont besoin de se savoir compris dans leurs vagues ou éloquentes aspirations et que c’est dans son rôle de se prêter à la confiance : parce qu’elle l’écoute, il croit qu’elle parle bien ! Puis, elle l’entraîne à sourire : à deux on rit mieux !

À son tour, Isal lui confie le secret de son âme. Elle sait bien que les petits garçons deviennent grands et doivent affronter l’existence. Elle veut qu’il ait du cœur, du caractère, que ce qu’il sera plus tard, il le soit par lui-même. Pour qu’il soit sauvé, elle lui a donné sa foi. Pour qu’il ne connaisse jamais les désespérances, elle cherche une place dans ses idées enfantines pour y loger un petit oiseau bleu. Ensemble ils auront quatre ailes d’azur, car elle veut l’emmener vers une merveilleuse aventure qui s’appelle la vie. Lentement, sans trop d’effort, leur tendresse humaine atteint son but. Ils écoutent le chant du travail pour que lui se le rappelle sur tous les chemin… Isal y mêle sa voix chaude :

« Aie la fierté d’être bon, dit-elle. Ne crains pas de l’être avec largesse. Donne ta pitié et ton