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LA CORVÉE

Les deux hommes se levèrent.

La prairie semble fatiguée du fardeau du foin qui reste encore debout. Au travail donc sans plus tarder ; il restera encore assez à faire aux gens de la corvée, demain.

André, sombre toujours, enfonce déjà sa faulx dans l’épaisse nappe des mils et des trèfles. Jacques Duval, après avoir bourré d’un pouce expert une seconde pipe qu’il allume tranquillement, tire sa pierre à faulx d’une petite gaine de cuir qu’il porte à sa ceinture et, la passant et repassant sur la lame, il en fait, au loin, crier l’acier.

Et jusqu’à la brunante, les deux faulx brisèrent l’herbe au grand vol régulier de leurs ailes claires…

* * *

On se souviendra longtemps de la corvée chez le père Jacques Duval.

Ce matin-là, on pouvait espérer que la journée serait belle ; dès trois heures, l’Orient s’était teinté de rose et les oiseaux s’étaient élancés dans l’espace en criant d’allégresse. Il y eut une aube divine ; le matin descendit dans les champs sur un chemin de fleurs et c’est avec son plus large sourire que le soleil vint regarder par dessus les Laurentides pour voir si tous les gens de la corvée étaient prêts. Il