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LA CORVÉE

La chaleur du jour venait de tomber, et la brise du soir, saturée d’émanations printanières, versait un peu de fraîcheur dans l’atmosphère.

Au bout de la rue principale, s’élevait une pauvre ébauche de chapelle que les colons, depuis une semaine, avaient commencé de construire, en l’honneur de Monseigneur Turgeon, qui faisait cette année-là, sa première visite pastorale dans les Bois-Francs.

L’air retentissait de coups de marteaux et de rires sonores. Ils étaient une vingtaine d’hommes qui travaillaient à la courvée. Tous gaillards robustes, vêtus d’un pantalon à bavaloise et d’un froc d’étoffe du pays, chaussés de bottes sauvages et coiffés de chapeaux de foin que les femmes confectionnaient à la maison.

Le rustique monument était presque achevé. Il consistait en un carré de pièces de bois rond superposées, solidement enchevêtrées aux extrémités, et dont les joints étaient calfeutrés d’étoupe. Ce carré était couronné d’un pignon, que trois jeunes gens couvraient en bardeaux. L’un de ces gars, Pierre Laurendeau, un grand garçon à l’œil noir et à l’allure dansante, égayait ses camarades par des couplets de chansons.