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LA CORVÉE

Mais André fit la sourde oreille. Ce que voyant, Valande goguenarda :

— Faut pas qu’y salisse ses beaux habits ! Allons-y, père Servan, nous et les gars.

— André n’nous a pas entendus, murmura Servan avec un peu de gêne.

Ils revinrent quelques minutes plus tard, chargés de sacs de maïs bruissants et chevelus qu’ils versèrent en tas au milieu de la chambre, sur le plancher. Yvonne, aidée de la mère Servan, était déjà en train de passer le cidre aux invités. André se tenait à l’écart, l’air dédaigneux.

— Une danse ronde autour du tas d’blé-d’Inde ! cria Valande en saisissant une jeune fille par la main.

— Oui, oui ! une danse ronde ! reprirent les autres.

— Allez-y ! dit Servan.

Et la danse ronde se forma, évolua, un peu folle et bruyante à cause du plancher de bois nu et des gros souliers qui le raclaient, mais pleine d’entrain et d’agreste poésie. On chanta « L’oiseau bleu, » « Mon père a tué le loup, » etc., etc., et quand on s’arrêta, plus d’un et plus d’une avaient soif d’avoir chanté. Encore une fois les verres de cidre circulèrent, puis chacun venant prendre son épis