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LA CORVÉE

Mais Jean-Brette sans se décourager, épluchait toujours.

Épluche encore ! Épluche encore ! Épluche encore ! Le pauvre garçon en suait à grosses gouttes, tant il avait chaud. Roselinette, elle, commençait à blêmir : elle voyait tout son rêve qui s’en allait à l’eau, rien que pour un épis rouge…

Tout à coup, le beau monsieur s’écria tout joyeux : « J’en ai un, un rougeau ! J’en ai un !… » Tous se penchèrent pour le voir, mais se mirent à rire : c’était une citrouille. Vous savez ces petites citrouilles qui poussent dans les champs de blé-d’Inde, et qu’on fait cuire le soir de l’épluchette, pour manger avec le blé-d’Inde bouilli. Le Jean en avait trouvé « une », en pigeant dans le tas ; et tout fier il criait : « J’en ai un rougeau ! J’en ai un ! »

Vous croyez qu’il disait ça par farce ? Nenni, mes petits amis ! Faut vous rappeler que Jean-Brette était fin renard, et qu’il n’avait pas qu’une corde à son arc.

On le vit bien, lorsque le beau monsieur s’avança galamment vers Roselinette, et lui présenta sa petite citrouille en disant : « Mam’zelle, par chez-nous, dans les épluchettes, les petites citrouilles comptent pour des épis rouges. » Alors, vous comprenez que la belle ne se le fit pas dire deux fois, et pan ! ils s’embrassèrent…