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LA CORVÉE

l’humus accumulé depuis des siècles, où la vie semble bruire sourdement ; et de leurs mains marquées des stigmates augustes du travail, coulent des flots onctueux de la substance féconde, source prochaine d’opulentes moissons de froment.

Là-bas, un cri soudain éclate : un trait de fer en se brisant a frappé Pascal au poignet. On accourt de toutes parts : — « Ce n’est rien ; une simple graffignure, » dit le blessé, qui cherche à étancher un jet de sang vermeil… « Conservez vos places, » continue-t-il s’adressant aux siens, « je reviens bientôt. » Et il se dirige vers le ruisseau, le long de la route. Là, adossé à la clôture, il peut encore diriger et admirer l’ensemble du travail. C’est beau ! et c’est plein d’espérance ; sera-t-il vainqueur ?

À ce moment, de la maison, Jeannette a vu le jeune homme ; elle salue à grands coups de mouchoir. Pascal tressaille d’une douce émotion et d’un geste passionné, envoie un affectueux baiser que la bien-aimée retourne par douzaines.