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étude sur la cachexie aqueuse du mouton

venus élucider, d’une manière définitive, ces questions d’histoire naturelle et de haute philosophie.

Mais revenons à nos moutons.

Par l’exposé trop long, quoique aussi succinct que possible, de la généagénèse des distomes, on voit que les bêtes à laine peuvent contracter la maladie de plusieurs manières qui tiennent toutes à la même cause.

Soit en ingurgitant par accident de petits mollusques, soit en broutent les plantes des lieux marécageux sur lesquelles, nous l’avons vu, se fixent souvent les cercaires ; soit enfin simplement par l’ingestion de cette eau dont la surface, recouverte d’une matière oléagineuse plus réfringente, envoie à notre œil les couleurs du spectre solaire, les animaux s’infestent de distomes.

L’eau limpide et courante ne peut être malsaine quand elle coule à pleins bords dans un petit canal. Il n’en est pas de même de celle qui séjourne longtemps dans un fossé ou dans les dépressions du sol ; sa surface devient irisée, signe certain de la présence d’organismes intérieurs funestes aux troupeaux.

Les grandes pluies ne sont pas nuisibles. Il est à craindre seulement qu’avec les grandes chaleurs, dans les terres à sous-sol peu perméable, il ne reste des flaques d’eau stagnante : ce sont autant de foyers d’infection.

Beaucoup de bergers le savent bien et ils appellent ces eaux : eaux cuivrées ou vitriolées.

Ils considèrent aussi certaines plantes comme produisant la cachexie : ce sont l’alisma plantago ou plantain d’eau, la ranunculus flammula, à laquelle on a donné le nom de petite douve, la ranunculus lingua ou grande douve, la sideritis glabra arvensis, la ficaire, ficaria ranunculoïdes, le populage des marais, populago palustris, etc.

Nous avons vu que ces plantes ne sont nuisibles que parce que, vivant dans les lieux marécageux, elles sont parfois couvertes de cercaires.

Les habitants des campagnes avaient remarqué tout cela depuis longtemps ; ils se le disent de père en fils.