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des séances

damment pourvus). Ses tiges, en se prolongeant, s’enroulent autour de la tête de la luzerne et y forment d’abord une espèce de bourrelet qui a pour effet d’arrêter et d’agglomérer la sève sur un seul point. De là naissent alors une multitude de nouvelles racines excessivement minces qui pénètrent dans ce réservoir de sève et s’y nourrissent aux dépens de la plante qui ne tarde pas à dépérir, tandis que le parasite, puisant dans la plante atteinte de nouvelles forces, s’étend, se ramifie et atteint promptement les plantes voisines qu’il enlace et fait mourir à leur tour. Les cultivateurs, qui avaient donné à la plantation de cette prairie artificielle tous les soins qu’elle exige et qui comptaient sur trois ou quatre récoltes par an du fourrage excellent qu’elle produit, se trouvent en face d’un terrain aride et qu’il faudra défoncer profondément avant de le livrer à une autre culture.

Je crois donc, Messieurs, qu’il est de mon devoir de vous dire par quel moyen je suis arrivé à combattre ce fléau, certain que notre Comice lui donnera assez de publicité pour qu’il parvienne aux oreilles de tous nos agriculteurs, heureux si mon faible concours peut être utile à quelques-uns.

Je n’abuserai pas de vos instants, mais je crois indispensable de rentrer dans quelques détails. La luzerne sur laquelle j’ai expérimenté a été semée, en mars 1876, sur un terrain parfaitement défoncé et que j’avais ensemencé d’orge quelques jours plus tôt. Je fis cette année-là une bonne moisson d’orge et, en octobre, une petite coupe de luzerne ; la cuscute n’avait pas encore paru. En mai 1877, je fis une première coupe très-abondante sans trouver encore de trace de cuscute ; mais, un mois plus tard, au moment de la seconde coupe, j’en aperçus en deux ou trois endroits différents. Espérant la faire disparaître, je peignai avec soin à l’aide d’un râteau en fer à dents très-serrées. Mais, à la coupe suivante, je vis qu’au contraire le mal avait de beaucoup empiré et qu’il s’était répandu sur presque toute la superficie du pré. J’en fis part à plusieurs agriculteurs, leur demandant s’ils connaissaient un remède ; les uns me répondirent qu’il fallait faire brûler les parties atteintes, les autres que le seul moyen était de défricher ; c’était tuer et non faire revivre, cela n’atteignait pas mon but.

Enfin, cette année-ci, au mois de février, j’eus l’idée que la cendre ou la suie, qui ont la propriété de brûler certaines espèces de