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bertrand de chalancon

cette année, Bertrand se trouvait dans le bourg d’Alanan en Vivarais et fut témoin de l’hommage que fit au légat Pons de Montlaur pour le château de Mazrel[1]. Mais c’est en 1209 seulement que notre évêque accentue son rôle et se lança plus avant au sein de la mêlée.

La principale armée de la croisade, après avoir roulé comme une trombe sur l’Aquitaine, campait, aux premiers jours de juillet 1209, devant Béziers et attendait des renforts. Deux corps expéditionnaires vinrent la rejoindre pour aider à l’assaut. Le premier corps descendit du côté d’Agen et avait à sa tête l’archevêque de Bordeaux, les évêques de Limoges, de Bazas, de Cahors, d’Agen et divers seigneurs du Quercy, du Limousin et de l’Auvergne. Parmi ces derniers se trouvait le comte Guy d’Auvergne, qui, avant de partir contre les hérétiques, avait fait deux actes solennels. Par le premier, en date du 26 avril 1209, il assurait le douaire de sa femme, Petronille de Chambon[2]. Le second acte était son testament, fait au château d’Herment le 26 mai suivant… Testamentum Guidonis comitis Arvernorum quod fecit apud Hermenc, cum jam esset profecturus contra hæreticos[3]

L’autre corps expéditionnaire s’était formé en Velay et avait pour chef Bertrand de Chalancon, que suivaient maints seigneurs de notre province et notamment le vicomte Ponce. Le poète provençal[4], qui nous a laissé un si curieux poëme sur la croisade des Albigeois, trace dans les vers suivants l’itinéraire des deux corps d’armée avant qu’ils eussent opéré leur jonction avec l’armée assiégeante devant Béziers.

  1. Histoire du Languedoc, édit. Du Mége, t. V, p. 96.
  2. Amplissima collectio de Martène, t. I, p. 1088, et Baluze, Histoire de la maison d’Auvergne, t. I, p. 79.
  3. Cartulaire de l’abbaye de Bonlieu-en-Limousin, cité par Baluze, loc. cit., t. II, p. 82.
  4. On s’accorde généralement à attribuer ce poëme à Guillaume de Tudèle, en Navarre. Fauriel déduit, dans son Introduction, pp. XVII et sq., les motifs de douter de cette paternité littéraire.