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statue de marguerite de valois

got », exilée à Usson en Auvergne, pendant vingt ans (1585-1605), hôtesse, dit-on, par intervalles des châteaux d’Artias, du Monastier et de Vachères en Velay[1], plus tard divorcée de son propre consentement. L’histoire a mentionné les épisodes de sa vie aventureuse, ses dons à Notre-Dame du Puy, ses efforts pour arrêter les fureurs de la ligue, ses qualités, ses excentricités et ses œuvres littéraires, en un mot tous les traits de l’existence de cette princesse que des auteurs ont travestis si singulièrement. À cet égard, n’y aurait-il pas lieu de vérifier si les dénigremens dont elle a été l’objet, comme son illustre homonyme, sont tous bien fondés ?

Naïve et modeste, mais d’une grâce et d’une élégance rares, Marguerite de Valois ou d’Angoulême n’eut le goût du luxe ni des splendeurs. Résignée dans le malheur, après l’ingratitude du roi son frère qu’elle avait tant aimé et servi, mais qui avait faibli à la suite des intrigues des fanatiques, elle consacra toutes ses ressources au soulagement des malheureux, à l’amélioration de ses petits États, et continua à encourager les artistes et les hommes de lettres. On la vit, dans sa tranquille résidence du Béarn, entourée de ses sujets et d’une cour composée de tout ce qu’il y avait de plus éminent dans les arts, dans les sciences et dans les lettres : Clément Marot, Bonaventure Des Periers, Claude Gruget, Jean de la Haye et autres littérateurs distingués furent au nombre de ses « valets de chambre » ; ce qui fit comparer le splendide château qu’elle avait fait édifier à Pau à un véritable Parnasse.

Marguerite de Valois, sans être d’une grande beauté, avait une figure gracieuse, pleine de douceur, d’intelligence et d’énergie. Une particularité remarquable de sa figure, c’est le profil de son nez convexe ou aquilin des Bourbons, que, semblable à

  1. M. Truchard du Molin, dans ses Baronnies du Velay, — Roche-en-Régnier ; (Paris, Dumoulin, 1874, p. 119) conteste les excursions en Velay que des traditions attribuent à cette princesse ; toutefois avec des réserves qu’on n’est pas étonné de trouver sous la plume de cet éminent historien et qui ouvrent ainsi la voie à de nouvelles recherches.