Page:Société des amis des sciences, de l’industrie et des arts de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1878, Tome 1.djvu/463

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
56
concours

« L’enseignement théorique de l’élevage, et, en général, de l’agronomie, qui pourrait épargner à beaucoup les tâtonnements de la pratique et accélérer la diffusion des découvertes applicables à la culture du sol et à l’amélioration du bétail, est malheureusement trop peu répandu encore. Mais j’ai hâte de vous dire que le gouvernement de la République, qui a déjà fondé une école supérieure d’agriculture en pleine prospérité, s’occupe, à cette heure, d’une organisation sérieuse de cet enseignement et vient de consulter nos Conseils généraux sur quelques-unes des plus importantes questions de son programme. L’affection qu’il professe pour les classes agricoles nous assure de sa diligence à le réaliser.

« Cette affection ne date pas d’un jour. La première Révolution, dont nous procédons, fut faite par nos ancêtres surtout au profit des paysans. Elle fonda votre liberté, la nôtre, sur la ruine des castels et des droits seigneuriaux. Elle affranchit leurs têtes de sa servitude ; elle libéra la terre du monopole constitué par d’antiques usurpations au profit d’un petit nombre de privilégiés ; elle rendit possible, par ses réformes, le morcellement du sol qui facilite à chacun de vous l’accès de la propriété foncière et procure aux habitants des moindres villages une aisance qui contraste heureusement avec l’horrible misère où les trois dernières monarchies du siècle passé avaient réduit nos ancêtres.

« Je ne puis me défendre d’une pénétrante émotion quand, au sein de cette réunion, je compare votre sort à celui de vos pères.

« Massillon, évêque de Clermont-Ferrand, écrivait, en 1740, au ministre Fleury : « Le peuple de nos campagnes vit dans une misère affreuse, sans lit, sans pain, sans meubles ; la plupart même, la moitié de l’année, manquent du pain d’orge et d’avoine qui fait leur unique nourriture et qu’ils sont obligés d’arracher de leur bouche et de celle de leurs enfants pour payer les impositions. »

« Le duc d’Orléans dit un jour au roi en plein conseil : « Dans mon canton de Touraine, il y a plus d’un an que les hommes mangent de l’herbe. » En Auvergne, l’assemblée provinciale de 1787 déclare que, si on ne se hâte d’alléger le fardeau du peuple écrasé, le pays perdra à jamais sa population et sa culture. Dans