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le phylloxera

phylloxera. Cet œuf, que l’on suppose déposé au mois de septembre, on l’appelle œuf d’hiver, parce qu’il passe sans changement toute la saison du froid. Il éclot au printemps, donne naissance à un insecte complet qui descend immédiatement sous terre pour commencer son existence de reproduction animale et de destruction végétale ; c’est la femelle pondeuse du phylloxera vastatrix. Cet insecte est armé d’une véritable lance, creuse, rigide, terminée en pointe ; il la porte habituellement appliquée sur son abdomen ; lorsqu’il veut s’en servir, il la redresse, soit pour piquer les radicelles de la vigne et en sucer la sève, soit pour se frayer un chemin à travers les terrains les plus compactes. Le sable seul semble jusqu’à ce jour avoir opposé à cet infatigable émigrant une digue infranchissable.

Nous venons de voir la femelle produit de l’œuf d’hiver — toujours une femelle — elle est seule, mais la nature l’a cruellement douée ; elle a été fécondée dans son œuf et elle a reçu le pouvoir de transmettre à ses descendants cette même faculté de reproduction sans la fécondation du mâle. C’est la génération par les vierges, la Parthénogénèse.

Or, combien d’œufs ou plutôt de larves peut produire cette mère pondeuse ? Les plus modérés disent cent cinquante ; quelques auteurs qui ont sérieusement étudié le sujet vont jusqu’à six cents. Ces larves subissent, de semaine en semaine environ, une métamorphose ; à la fin de la troisième semaine, elles sont devenues elles-mêmes des mères pondeuses, — pondeuses chacune du même nombre d’enfants que leur mère, et ces enfants, comme leur mère, jouissent de la faculté de se reproduire sans fécondation. Le phylloxera voit se succéder ainsi, dans le Midi, de sept à huit générations par été ; allignez donc quatorze ou seize zéros, faites-les précéder d’un ou deux chiffres, suivant le nombre d’œufs que vous aurez adopté, et votre imagination s’arrêtera effrayée. Vous comprendrez alors l’immensité du désastre qui frappe les vignes du Midi.

De juillet à septembre, quelques-uns des innombrables insectes voient se développer sur leurs épaules de petits tubercules