Page:Société des amis des sciences, de l’industrie et des arts de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1878, Tome 1.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
55
documents et notes sur le velay

temps d’Artus et de la Table-Ronde. En Velay et en Gévaudan, les contes de l’âtre, les histoires des chaumines propagèrent sur le hardi flibustier mainte histoire fabuleuse. Au dire de l’Inventaire des Archives du Chapitre de Mende, dressé en 1650, « Rodigon estoit natif d’un vilaige ruiné, aux appartenances de Badaroux qui s’appeloit le Masel Rosegos. En l’an 1418 (1435 ?), le clergé du diocèse (de Mende) contribua 300 moutons d’or pour aider à chasser certains gens d’armes appelés Lous Roteyrols qui ravageaient le pays, desquels le bastard de Bourbon et Rodigon, hardi et insigne voleur, estoint les chefs. Et despuis ce temps la on appèle Roteyrols les gentilshommes incommodés et que le proverbe du vulgaire dit encore : Meschant comme Rodigon. Voiès le département de ladicte somme qui faict mention de ce-dessus à la XVIIe liasse, sous Cotte F. Archifs, II[1]. »

Ainsi l’on trouve en Gévaudan et en Limousin la même renommée lugubre et les mêmes dictons populaires sur Rodrigue. Le merveilleux s’en mêla aussi dans nos parages : nous verrons qu’un manuscrit attribue au chef castillan un trépas bien prématuré vers 1422 après le pillage de l’église d’Aurec. Grâce aux recherches de l’érudition moderne, grâce surtout à l’excellente notice insérée par M. Quicherat dans la Bibliothèque de l’École des Chartes, t. 1er, deuxième série, 1815, pp. 119 et sq., il est permis de reconstituer les lignes principales de cette carrière orageuse et de faire sur Rodrigue un peu d’histoire authentique.

Dans un village de la province de Burgos appelé Villa-Andrando ou Villandrando, était établie, vers 1200, une famille dite de Lopez et qui ajoutait à son nom patronymique, probablement par apanage, le titre de son petit bourg. Don André Lopez suivit la reine Blanche en France, s’arrêta en Guienne et acquit, près de Bazas, une seigneurie dans un lieu appelé aujourd’hui encore Villandraut. Une fille ou petite-fille de Don André porta

  1. Ces titres n’existent plus dans les Archives départementales de la Lozère. — Lettre de M. Ferdinand André.