Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
104
LE PARFAIT MARESCHAL.

Chap.
ⅹⅹⅹⅶ
.
Lors qu’on void les choses en estat de hasarder, ou que le Cheval ne pouvant prendre de nourriture court risque de mourir plûtost de faim que de son mal, s’il a souvent de grands intervalles sans fiévre, il faut prendre ce temps qu’il n’a point de fiévre, avec une livre farine d’orge fine, on la déméle avec suffisante quantité d’eau comme si on vouloit faire de la boulie, qu’on fait cuire jusques à ce qu’elle commance à s’epoissir, lors on y adjoûte gros comme un œuf de sucre en poudre, & on fait avaller le tout par les nazeaux, moitié par un moitié par l’autre, le tout moderément chaud.

On s’estonnera peut-estre de ce que je fais difficulté de donner cette nourriture au commencement du mal, puisque le Cheval en a besoin, qu’il n’en peut prendre par la bouche, & que les conduits du nez répondent dans la bouche, mais j’en use de la sorte parce que tout ce qu’un Cheval prend par le nez le tourmente & le fatigue extremement, & qu’il est dangereux que cette nourriture quoy que rafraischissante comme est l’orge, ne luy augmente la fiévre, s’il l’a, & ne la luy donne s’il ne l’a pas. Mais comme cette fiévre est accidentelle elle n’est pas si fort à craindre, néanmoins il est perilleux de donner de la nourriture par le nez, c’est pourquoy je n’ordonne d’en donner que lors que le Cheval court risque de mourir de faim ; en cét estat il vaut mieux hazarder de le sauver en luy donnant de la nourriture que de le laisser mourir de faim : Peu de Chevaux échapent de ce mal lors que le rhumatisme est universel, & qu’il y a fiévre continuë sans aucune intermission.


CHAP.
ⅩⅩⅩⅧ.
Les Avives.


ON dit fort improprement que le Cheval a toûjours les Avives, parce qu’il a toûjours les parties où ce mal a son siege, & où il paroist dans le temps de son accez. Ce sont des glandes proches du gosier, qui estant d’une substance molle & spongieuse, sont tenues pour les émondoires des parties voisines ; elles sont sujettes à une inflammation, qui faisant une enflure, bouche le gozier & empêche la respiration, qui est si necessaire à la vie ; que si le Cheval n’est promptement secouru il court risque d’estre étouffé, & le travail que cette difficulté de respirer luy cause, fait qu’il se veautre, qu’il se couche, & se leve souvent, qu’il se débat & s’agitte étrangement, croyant par ces divers mouvemens