Page:Solvay - La Fanfare du cœur, 1888.djvu/6

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Pourtant, quelque rang que réclame
Votre orgueil qui fait tout plier,
À certains moments, noble dame,
Il est permis de s’oublier…

C’est l’heure où de partout s’élève
L’hymne des espoirs triomphants,
Où tu fais bouillonner la sève,
Nature, au cœur de tes enfants !

C’est l’heure aimée où vos ancêtres,
Peu soucieux de déroger,
Dans leurs joyeuses nuits champêtres
Faisaient des rêves de berger !

Vous souvient-il, nymphes de marbre,
Des idylles de Trianon !
L’amour babillait sous chaque arbre,
Et Pompadour était Toinon.

Ô fille d’aïeux qu’on admire,
Dites-moi, pourquoi mépriser
Le bois, confident du sourire,
Et l’oiseau, frère du baiser ?

Toute la gloire et les faits d’armes
De ceux dont vous êtes le sang
Ne valent pas une des larmes
Que sème Vesper en passant.

Que m’importent ce faste immense
Et tous ces titres sans valeur,
Lorsque j’écoute la romance
Que l’abeille dit à la fleur ?

Laissons la science inféconde
Aux Turenne, aux Napoléon ;
Le plus grand tacticien du monde,
C’est le général Cupidon !

Allons, par de plus doux carnages,
Sous l’abri des chênes touffus,
Réveillant les Faunes sauvages
Du bruit de nos soupirs confus,

Ivres de boucherie exquise,
Sans fanfares et sans soldats,
Recommencer, belle marquise,
La bataille des Quatre-Bras !