Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/325

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cette terre à l’endroit où nous dirigeons notre navigation !

PHILOKTÈTÈS.

Ô jour très-heureux ! Ô le plus doux des hommes ! Ô chers rameurs ! Que je puisse vous prouver combien je vous suis reconnaissant, moi que vous avez secouru ! Allons, enfant, après avoir salué cette demeure qu’on ne peut habiter, afin que tu saches de quelle façon j’ai supporté la vie et combien j’ai été courageux. Je pense, en effet, que nul autre que moi n’aurait pu seulement regarder ce que j’ai subi, mais j’ai appris de la nécessité à me soumettre à mes maux avec résignation.

LE CHŒUR.

Arrêtez ! Écoutons. Deux hommes viennent ici ; l’un est un marin de la nef et l’autre est étranger. Quand vous les aurez écoutés, vous entrerez.

UN MARCHAND.

Fils d’Akhilleus, j’ai demandé à cet homme, ton compagnon, qui, avec deux autres, gardait la nef, de me montrer le lieu où tu étais, puisque, contre mon attente, je t’ai rencontré, ayant été poussé par hasard vers cette terre. Je naviguais, en effet, comme marchand, avec peu de compagnons, d’Ilios vers mon pays, Péparèthos riche en vignes, quand j’ai entendu dire que tous ces marins avaient navigué avec toi. Il m’a semblé que je devais ne pas me taire et ne pas faire voile, avant de venir à toi et d’être récompensé de ma nouvelle ; car il se peut que tu ne connaisses rien des nouveaux desseins des Argiens sur