Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/406

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Strophe II.

Certes, quand sa vieille mère, envahie par la blanche vieillesse, apprendra qu’il est saisi de démence, elle n’exhalera pas une douce plainte, ni un triste chant comme le malheureux rossignol, mais elle poussera des clameurs et des hurlements, et sa poitrine résonnera des coups de ses mains, et elle arrachera ses cheveux blancs.

Antistrophe II.

Car il vaudrait mieux qu’il fût enseveli dans le Hadès que d’être affligé d’un mal irrémédiable, lui qui, l’emportant sur les braves Akhaiens par l’excellence de sa race, n’a plus ses mœurs accoutumées, et dont l’esprit est égaré. Ô malheureux père, faut-il que tu apprennes la calamité lamentable de ton fils, telle que la race des Aiakides n’en a jamais subi, excepté en celui-ci !

AIAS.

Le temps long et infini manifeste à la lumière toutes choses cachées et cache les choses manifestes, et il n’est rien qui ne puisse arriver. La sainteté des serments sacrés est violée et la rigueur des fermes esprits est vaincue. Moi qui, récemment, résistais victorieusement à tout, comme le fer huilé, voici que je suis amolli par cette femme, et j’ai compassion de la laisser veuve et mon fils orphelin au milieu de mes ennemis. Mais je vais aux bains et aux prairies du rivage, afin, purifié de mes souillures, d’échapper à la colère terrible de la Déesse. Ayant atteint un lieu désert et non hanté, je cacherai cette épée, la plus odieuse des armes, dans la terre creusée, là où personne ne la verra. La nuit et