Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/449

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LE CHŒUR.
Antistrophe III.

Songe à ne point tant parler. Ne sais-tu pas, tombée de si haut, à quelles misères indignes tu te livres ainsi de ton plein gré ? Tu as, en effet, haussé tes maux jusqu’au comble, en excitant toujours des querelles par ton âme irritée. Il ne faut point provoquer de querelles avec de plus puissants que soi.

ÉLEKTRA.

L’horreur de mes maux m’a emportée. Je le sais, je reconnais le mouvement impétueux de mon âme ; mais je ne me résignerai pas à mes douleurs affreuses, tant que je vivrai. Ô chère race, de qui pourrais-je entendre une sage parole, de quel esprit prudent ? Cessez, cessez de me consoler. Mes lamentations ne finiront jamais ; jamais, dans ma douleur, je ne cesserai de me répandre en d’innombrables plaintes.

LE CHŒUR.
Épôde.

Je te parle ainsi par bienveillance, te conseillant comme une bonne mère, afin que tu n’augmentes point ton mal par d’autres maux.

ÉLEKTRA.

Est-il une mesure à mon malheur ? Est-il beau de ne point se soucier des morts ? Où est-il l’homme qui pense ainsi ? Je ne veux ni être honorée par de tels hommes, ni jouir en paix du bonheur, s’il m’en est accordé, ne me souvenant plus de rendre à mes parents l’honneur