Page:Sorel - Montesquieu, 1887.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

commun : c’est la place de Montesquieu. Il est avant tout l'honnête homme social et politique, à qui rien d’humain n’est étranger, qui cherche à se connaître pour mieux connaître autrui, et à faire connaître aux hommes leur condition afin de leur enseigner à la rendre plus supportable. Ses écrits subsistent parce qu’ils sont historiques et qu’ils reposent sur l’observation de la nature. Ses vues générales sont justes, c’est l’essentiel ; quant à ses erreurs de détail, elles importent médiocrement. Villemain l’a très bien dit : « Dans un ouvrage de ce genre, ces erreurs ne comptent pas plus que les fractions dans un grand calcul. » Montesquieu a laissé mieux que des préceptes : une méthode qui a permis de développer sa pensée et de l’appliquer à des conjonctures qu’il n’avait pas pu prévoir. Il a exercé une action profonde et prolongée sur son temps ; il est encore plein d’enseignements pour le nôtre. Son nom est associé à plusieurs des meilleures réformes que nous ayons accomplies depuis un siècle. Il représente notre esprit national dans ce qu’il a de plus précis, de plus large, de plus généreux et de plus sage.


FIN