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vues qu’il faut les considérer. C’est ce que j’entreprends de faire dans cet ouvrage. J’examinerai tous ces rapports : ils forment tous ensemble ce que l’on appelle l'Esprit des lois. »

L’institution sociale, ainsi envisagée, paraît à Montesquieu comme l’âme même des sociétés humaines. Si elle est vigoureuse et saine, la société prospère ; si elle est débile et corrompue, la société se dissout. De la connaissance qu’on en possède, de l’art avec lequel on la fonde ou la soutient, dépendent les réformes qui régénèrent les sociétés et les révolutions qui les ruinent. Il n’est point d’ailleurs d’espèce d’institution qui soit, par elle-même, supérieure aux autres. Il y a des conditions d’existence, des mœurs publiques et privées, un esprit national, une allure principale auxquels toute institution est subordonnée. La meilleure et la plus légitime pour chaque peuple est celle qui est le mieux appropriée au caractère et aux traditions du peuple pour lequel elle est établie.

De ce point de vue, Montesquieu examine les différentes espèces de gouvernements. Il distingue en chacune la nature et le principe. La nature du gouvernement, c’est ce qui le fait être. Son principe, c’est ce qui le fait agir. Définir la nature d’un gouvernement, c’est en déterminer la structure ; en définir le principe, c’est analyser les mœurs et les passions des hommes qui le pratiquent.

D’après la nature des gouvernements, Montesquieu les divise en républicains, monarchiques et despo-