Page:Sorel - Réflexions sur la violence.djvu/230

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B. — 1o Il ne serait plus vrai de dire que toute l’organisation du prolétariat soit contenue dans le syndicalisme révolutionnaire. Puisque la grève générale syndicaliste ne serait plus toute la révolution, il faut des organismes à côté des syndicats ; de plus, comme la grève ne saurait être qu’un détail savamment combiné avec beaucoup d’autres incidents qu’il faut savoir déchaîner à l’heure propice, les syndicats devraient recevoir l’impulsion des comités politiques, ou tout au moins marcher en parfait accord avec ces comités qui représentent l’intelligence supérieure du mouvement socialiste. En Italie, Ferri a symbolisé cet accord d’une manière assez drôle en disant que le socialisme a besoin de deux jambes ; cette figure a été empruntée à Lessing qui ne se doutait guère qu’elle pût devenir un principe de sociologie. Dans la deuxième scène de Minna de Barnhelm, l’aubergiste dit à Just qu’on ne peut rester sur un verre d’eau-de-vie, de même qu’on ne va pas bien avec une jambe ; il ajoute encore que les bonnes choses sont tierces et qu’une corde à quatre tours n’en est que plus solide. J’ignore si la sociologie a tiré quelque parti de ces derniers aphorismes, qui valent bien celui dont Ferri abuse.

2o Si la grève générale syndicaliste évoque l’idée d’une ère de haut progrès économique, la grève générale poli-

    rition des conseils de guerre. Pendant longtemps les nationalistes ont pu soutenir, avec une apparence de raison, qu’on les conservait pour ne pas être obligé de renvoyer Dreyfus devant une Cour d’assises au cas où la Cour de cassation ordonnerait un troisième jugement ; un conseil de guerre peut être plus facile à composer qu’un jury.