Page:Sorel - Réflexions sur la violence.djvu/251

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lisme et j’avais présenté ces thèses de la manière suivante, aux pages 38-40 :

« 1° Il y a un système en quelque sorte mécanique, dans lequel l’homme semble soumis à de vraies lois naturelles ; les économistes classiques placent à l’origine cet automatisme qui est le dernier produit du régime capitaliste. « il se forme, dit Marx[1], une classe de plus en plus nombreuse de travailleurs qui, grâce à l’éducation, la tradition, l’habitude, subissent les exigences du régime aussi spontanément que le changement des saisons. » L’intervention d’une volonté intelligente dans la coercition apparaîtrait comme une exception.

« 2° Il y a un régime d’émulation et de grande concurrence, qui entraîne les hommes à écarter les obstacles traditionnels, à chercher constamment du nouveau et à imaginer des conditions de vie qui leur semblent meilleures. C’est dans cette tâche révolutionnaire que la bourgeoisie excella selon Marx.

« 3° Il y a le régime de la violence qui a un rôle très important dans l’histoire et qui revêt plusieurs formes distinctes :

« a) au plus bas degré nous avons une violence dispersée, qui ressemble à la concurrence vitale, qui agit par la médiation des conditions économiques et qui opère une expropriation lente mais certaine ; une telle violence se manifeste surtout avec l’aide de régimes fiscaux[2].

  1. Capital, tome I, p. 327, col. 1.
  2. Marx fait observer qu’en Hollande, l’impôt fut employé pour faire renchérir artificiellement les objets de première nécessité ; ce fut l’application d’un principe de gouverne-