Page:Sorel - Réflexions sur la violence.djvu/303

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à subir, de temps à autre, les exigences d’autres groupes sociaux ; il leur semble que l’idéal de la société capitaliste, telle qu’ils l’aperçoivent, devrait être un arrangement des appétits sous les auspices des avocats politiciens.


Les catholiques ne seraient pas fâchés, maintenant qu’ils sont dans l’opposition, de trouver des appuis dans les classes ouvrières ; il n’est flatteries qu’ils n’adressent aux travailleurs pour les convaincre qu’ils auraient tout avantage à abandonner les socialistes. Ils voudraient bien organiser, eux aussi, des syndicats politico-criminels, comme Waldeck-Rousseau avait espéré en organiser il y a une vingtaine d’années ; mais les résultats obtenus par eux jusqu’ici sont plutôt médiocres. Leur but serait de sauver l’Église, et ils pensent que les capitalistes bien pensants pourraient faire le sacrifice d’une partie de leurs profits pour donner à des syndicats chrétiens les satisfactions qui seraient nécessaires pour assurer le succès de cette politique religieuse. Dernièrement, un catholique instruit, qui s’occupe fort de questions sociales, me disait que les ouvriers seraient bien obligés, dans peu d’années, de reconnaître que leurs préjugés contre l’Église ne sont pas fondés. Je crois qu’il s’illusionne tout autant que se trompait Waldeck-Rousseau, en 1884, quand il regardait comme ridicule l’idée d’une fédération révolutionnaire des syndicats ; mais l’intérêt matériel de l’Église aveugle tellement les catholiques qu’ils sont capables de toutes les niaiseries.

Les catholiques sociaux ont une manière de se représenter l’économie qui les rapproche beaucoup de nos plus vils politiciens. Le monde clérical a grand’peine,