Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/101

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succès des Pâadavas ; il se terme sur leur disgrâce. Unis désormais à Draupadi, ils sont de plus alliés par le sang au roi de Mathoura, Krishna, souvent confondu avec le dieu Khrisna lui-même, cette incarnation de Wishnou, et qui, en tout cas, passait pour un des princes les plus valeureux et les plus habiles de l’époque. Dhritaràchtra, monarque débile et crédule, se décide à partager ses États entre les deux branches rivales : procédé ambigu qui ne satisfera personne et accroîtra les inimitiés au lieu de les éteindre. Ses fils, les cent Gôurâvas, garderont le royaume d’IIastinapoura près du Gange ; ses cinq neveux occuperont un autre royaume, dont la capitale sera Indrapràstha sur les rives de la Yamounà ; ceux-ci étendent autour d’eux leurs conquêtes. Nakoula est vainqueur au nord, Sahadêva au sud ; Bhîmaséna triomphe à l’est et étouffe entre ses bras Djaràsandha, roi de Magadha. Quant à Ardjouna, il soumet l’ouest, immole Sisoupâla, roi de Tchêdi, enlève et épouse Soubhadrâ aux yeux de lotus, la plus jeune des filles de Khrisna. Dans la forêt de Kbândava, il offre des sacrifices à Agni, dieu du feu, et reçoit de lui l’arc Gândîva, deux carquois, des flèches, un char, toutes sortes d’armes magiques ; il délivre, par sa bravoure, un mauvais génie du nom de Maya, un Vulcain infernal, charpentier ou architecte du monde surnaturel. Les souverains d’Indraprâstha vivaient justes et braves, heureux et respectés ; leur aîné, Youdhichthira, non par vanité personnelle, mais pour l’honneur de sa famille, annonce un Râdjasoûya, sacrifice solennel et royal, où un suzerain exigeait les serments de vasselage de tous les princes tributaires. L’assemblée est nombreuse, la cérémonie magnifique, et Douryôdhana, qui y assiste, devient pâle de jalousie, à la vue de tant de chefs soumis, de tant de joyaux étalés, des chevaux, des éléphants, des vaches, des vêtements et des fourrures, qui abondaient de toutes parts. Il en perd la joie et le sommeil ; il voit ses émules couronnés, obéis dans toute l’Inde centrale, redoutés d’une mer à l’autre, salués avec sympathie