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14.6 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

mortel; toi, sans nul doute, tu conserveras ton corps, étant admis au séjour de la paix. — Maître île tout ce qui fut, est et sera, tu vois ce chien, qui m'est si attaché; permets-lui de venir avec moi: je n'ai pas le caractère assez, dur pour le renvoyer. — roi, aujourd'hui que Lu dois recevoir l'immortalité, une condition pa- reille à la mienne, une félicité parfaite, une grande puissance, toutes les joies célestes, abandonne ton chien : il n'y aura à cela aucune dureté. — Pour un digne guerrier, ô Indra, une indignité est difficile à commettre. Plutôt perdre l'espoir du bonheur que de chasser un serviteur si fidèle. — Dans les régions supérieures, il n'y a pas de place pour ces animaux violents qui ravissent les offrandes; encore une fois, tu ne seras nullement coupable de [ai er derrière toi cette créature. — On a toujours dit que l'aban- don d'un serviteur dévoué était une faute énorme, égaie ici-bas au meurtre d'un brahmane. O grand Dieu, je ne me séparerai donc pas maintenant de celui-ci, même en vue de mon bonheur. Il est doux et obéissant; il s'est affaibli et amaigri, en faisant la garde dans mon intérêt; fût-ce au prix de mon existence, je ne voudrais lias le rebuter : ma résolution est inébranlable. — Les chiens, chacun le sait, sont des êtres cupides, qui saisissent sur l'autel les victimes saintes qu'on y va consumer : écarte le tien, et entre dans le monde des dieux. Quoi! tu as dit adieu à tes frères, à ta Draupadi bien-aimée; tes propres œuvres t'ont mérité le ciel, et. quand tu as accepté un renoncement si complet, tu t'obstinerais à. garder un chien ! C'est de la folie ! — Personne n'ignore qu'il faut s'arracher des bras de ceux qui meurent; ce n'est pas moi qui puis les ressusciter: ce ne sont pas îles vivants que j'ai perdus en eux. Repousser celui qui vient vous demander un asile, tuer une femme, enlever un prêtre endormi, tromper un ami: ces quatre crimes, é Indra (telle est, du moins, mon opinion), ne sont pas dis choses plus graves que l'abandon d'un serviteur. •■

ile charité envers les animaux, qui fait songer à une des pièces les plus connues de la Légende des siècles de Victor Huffo, était familière surtout aux Indiens; ici elle désarme les dieux. Ce chien, si précieux aux yeux d'Youdhichthira, se mé- tamorphose soudain, à l'inverse de ce noir quadrupède dont

éphistophélès de Gœllte a revêtu la forme ; car il n'était autre que Yama, le dieu de la Mort et de la Justice, le père supposé du héros. Le chef de la famille de Pàndoti, par un

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