Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/16

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magne, sous saint Louis, sous Charles V, avait enfin réussi, grâce à la dispersion des savants exilés de Byzance et à l’invention de l’art typographique. Les controverses, suscitées par la Réforme, avaient tourné vers l’hébreu l’attention des théologiens rivaux. L’italien sous les Valois, l’espagnol sous Henri IV et Louis XIII jouirent en France d’une vogue qui devait être aussi passagère que brillante. L’anglais, à cause des imitations de Voltaire et de l’abbé Prévost, des traductions de Letourneur et de Ducis ; l’allemand, à la faveur de nos luttes militaires contre l’Europe centrale, gagnèrent insensiblement parmi nous leur droit de bourgeoisie. Le turc, l’arabe et le persan y avaient même été déjà timidement abordés par de rares linguistes. C’est alors que le sanscrit fut connu.


III


On se rappelle quels furent les débuts de ces études, trop peu populaires encore. Le premier promoteur de l’Indianisme (qui le croirait ?) fut le fameux Warren Hastings, ce gouverneur peu scrupuleux, dont les intolérables concussions provoquèrent au sein du parlement anglais de si belles discussions oratoires. Mais un de ses premiers et de ses plus habiles représentants a été l’illustre William Jones. Cet homme de cœur et de génie fonda vers 1780 la Société asiatique de Calcutta, qui servit successivement de modèle à celles de Bombay, Madras, Sérampour, Dublin, Londres, Berlin, Paris, Saint-Pétersbourg, Boston, New-York. De 1783 à 1794, il traduisit plusieurs ouvrages indigènes, et ses savantes Recherches, qu’on a continuées, frayèrent le chemin où tant d’hommes distingués allaient marcher à sa suite. En une cinquantaine d’années, on compta près de trente recueils périodiques, affectés exclusivement à cette branche toute neuve de l’arbre de la science. En outre, plus