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166 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

sur le front, des guirlandes, des parfums; personne qui fût de con- dition abjecte; personne qui fût pauvre.... Pas d'esprits-forts ou d'artisans de fraudes, de gens violents ou perfides, d'incapables ou d'impurs. Pas un qui goûtât une nourriture immonde; pas un qui ne fît aux prêtres de larges dons; pas un qui commît des ini- quités. Beauté, intelligence, douceur, chasteté, grâce; telles étaient les qualités des habitantes d'Ayodhyà, et l'élégance écla- tait dans leurs costumes et leurs parures Un homme agité

par la fureur, troublé, désespéré, effrayé, eût été introuvable à Ayodhyà, et aussi un homme pour lequel le monarque n'aurait pas été l'objet d'un vrai culte. Aux membres les plus éminents de chaque caste, aux ancêtres, aux dieux, aux hôtes, on payait un légitime tribut d'honneurs ; tous vivaient de longs jours : la bonne foi était l'idole de tous.

L'excellent prince suit les sages conseils de huit ministres habiles et surtout de deux rishîs, "Vâmadéva et Vasistha ; mais, au milieu de ses vertus et de ses prospérités, il es! triste et inconsolable : car il a trois femmes principales, et il n'a aucun fils pour perpétuer sa race. Or, la privation d'un fils, aux yeux d'un Indien des vieux temps, était un affreux malheur qu'il fallait éviter à tout prix. Il se décide à offrir le fameux sacrifice du cheval (açwamédha) , qui ne permet pas aux dieux de vous refuser le moindre de vos souhaits. Mais qui présidera ce sacrifice solennel? « Ce sera, » lui dit Sou- mantra qui est à la fois son cocher, son poète officiel et un de ses ministres, a ce sera Rishyasringa, » et là-dessus, il lui raconte longuement la légende de ce personnage de naissance divine, nourri dans les forêts, qui avait grandi sans savoir ce que c'était qu'une femme, que des apsâras ou nymphes célestes vinrent tenter par mille séductions, et qui les prit naïvement pour des animaux inconnus ou pour des démons malfaisants; légende bizarre et assez libre, mais fort gra- cieuse et qui, sous des formes un peu différentes, se retrou- verait chez Boccace et chez La Fontaine. C'est un pareil saint qui doit diriger Yaçwamédha : il arrive a Ayodhyâ ; une saison d'hiver et toute une année sont employées à la préparation

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