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200 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

me pris pour compagne, à moi qui ne t'ai jamais quitté? Nous étions partis trois en exil; Lakshmana retournera donc seul dans notre royaume et répondra seul aux questions de l'inconsolable Kàusalyà ! A ta mère qui l'interrogera, il racontera mon en- lèvement par un démon et ce coup fatal que tu as reçu de la main des Râkchasas ! A cette double nouvelle, elle renoncera, je le crains, à la lumière; car son âme se brisera... Allons, Râvana, immole-moi promptement sur le cadavre de Ràma; unis l'épouse à l'époux, et procure-moi ce bonheur, le plus grand que je puisse goûter maintenant. Place ma tête près de cette tête glacée; rap- proche mon corps de ce corps immobile : je ne veux pas abandon- ner mon héroïque compagnon. »

Une ogresse charitable du nom de Saramâ prend pitié de l'infortunée; elle lui prodigue les consolations et calme sa dou- leur, en lui affirmant qu'elle est le jouet de quelque pres- tige et que Ràrna ne peut pas être mort. Râvana, décidé à se défendre jusqu'au bout, méprise les avis de sa mère et de ses conseillers les plus sages ; il est avide de combats ; il for- tifie sa capitale et y dispose partout des gardes. De son côté, Ràma consulte les chefs des ours et des singes, ses alliés ; il concerte avec eux son plan d'attaque : nous assistons au siège d'une llion orientale, dont il s'agit de ramener une beauté, aussi illustre qu'Hélène, mais plus vertueuse. Vibhishana, qui est devenu l'auxiliaire le plus dévoué du héros, expédie à Lanka quatre de ses acolytes, transformés en oiseaux, qui étudieront à loisir tous les travaux de défense des assiégés. Comme les quadrumanes ont le pouvoir et l'habitude de se métamorphoser à volonté, par une précaution qui n'est point superflue, on leur enjoint de ne pas emprunter en pleine bataille la forme humaine (ce qui entraînerait probablement de regrettables méprises), et, toutes les mesures étant bien arrêtées, on gravit le mont Souvéla. Sauf le perpétuel emploi du merveilleux, qui là change tout et quelquefois gâte tout, on se croirait aux temps de la chevalerie pour ce qui est de certains usages ou de certaines situations.

En effet le singe royal, Angadâ, fils de Bâli et neveu de

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