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LE RÀMAYANA. 207

Homère, pleurent leur maître en péril; son drapeau est coupé ; ses dix têtes tranchées renaissent jusqu'à cent fois, à la façon de celles de l'hydre de Lerne ; le combat dure sept jours de suite. Enfin, d'un trait que Brahmâ lui a donné, Râma blesse le monstre au cœur; il expire: Vibhîshana regrette noblement ce frère qu'il n'a pu réussir à corriger; les singes, les ours, les Immortels, tous applaudissent à une victoire si longtemps retardée, achetée si chèrement et qui va rendre Sîtâ à son époux, la sécurité aux sacrifices reli- gieux et la paix au monde entier.

��VIII

��Le livre que nous venons d'analyser n'a point, on le voit, usurpé son titre de Chant des batailles : rempli de beautés descriptives, que des répétitions et des digressions trop nom- breuses affaiblissent sans les effacer, il est le plus étendu de toute l'épopée. Le suivant, qui est le septième et le dernier, s'appelle Abliyoudai/a-Khânda (Chant du lever du soleil) ou Outtara-Khânda (Chant final) ; il est plus court: beaucoup de critiques pensent qu'il est postérieur à l'œuvre primitive de Vâlmikî et qu'il a été soumis à de fréquentes interpolations. L'action à la rigueur pouvait se terminer à la chute de Râ- vana : elle ne se prolonge que par une espèce d'épilogue que nous résumerons fort succinctement. Les femmes du roi de Lanka, ses favorites, toutes les ogresses éclatent en larmes au sujet de la perte irréparable qu'elles ont faite; l'aimable reine Mandandari exhale des plantes pathétiques sur le ca- davre de ce prince orgueilleux, qu'elle avait essayé inutile- ment "de soustraire à son triste sort. Les Indiens excellaient dans ces hymnes funèbres, que la poésie grecque des pre- miers âges s'est plu également à reproduire. Le pieux Râma ne manque pas d'ordonner les funérailles d'un rival pourtant

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