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212 ÉTUDES SUR LA LITTÉRATURE SANSCRITE.

pour le monde, le fils de Daçaratha, l'incarnation de Wish- nou, l'héroïque Râma, glorieusement transfiguré, remonte lui- même au ciel, dont il était descendu jadis avec la mission providentielle de terrasser le démon et de sauver l'Humanité. Nous avons tâché de réunir beaucoup plus de détails qu'on n'en avait donné jusqu'à présent sur cette épopée, souvent confuse et bizarre, mais distinguée par de précieuses qua- lités et fort digne d'exercer les méditations des lecteurs stu- dieux. Il est bien temps, après tout, que des ouvrages, aux- quels leur antiquité et leur mérite assignent une égale importance, ne demeurent pas enfouis dans le cabinet des érudits et plongés dans les ténèbres, plus ou moins visibles, d'une célébrité douteuse. A la philologie comparée, cette science nouvelle qui chaque jour accomplit tant de progrès et éclaire tant de questions, correspond déjà ce qu'on peut appeler aussi la littérature comparée, c'est-à-dire l'examen attentif et impartial de tous les produits de l'esprit humain, dans quelque siècle, en quelque climat, sous quelque gou- vernement qu'ils aient pris naissance. Combien n'est-il pas curieux en effet de voir le cœur de l'homme battre du même mouvement, l'âme de l'homme s'élever aux mêmes concep- tions sous les latitudes les plus variées, aux époques les plus diverses, au milieu des sociétés les plus inégales ! Mettez à part les taches trop évidentes qui déparent le Râmâyana : ce luxe superflu d'amplifications, ces redites nombreuses, et prin- cipalement cet abus de la féerie et du merveilleux, que notre incrédulité systématique et notre prosaïsme invétéré dédai- gnent comme un enfantillage ridicule. Il vous restera encore suffisamment de quoi l'admirer, et la moralité sublime qui ne cesse d'y régner, l'imagination féconde qui s'y déploie jusqu'à l'excès, le pathétique qui y respire fréquemment sous la forme la plus douce et la plus pure, vous engageront une fois de plus à étudier en ses brillantes origines cette race hin- doue, aujourd'hui si dégénérée et si avilie, mais qui a eu au- trefois ses longues périodes de fortune et de splendeur. Le

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