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LE THÉÂTRE INDIEN. 259

poésie théâtrale à Bharata, un mourii ou moine, respectable par sa dévotion et ses austérités, et que celui-ci avait formulé sur la musique et sur le théâtre un code d'une minutie extrême, qu'on prétend avoir retrouvé et qu'il a été question de publier. Que dis-je? Les Apsâras (nymphes aériennes) et les Gandharvas (musiciens célestes) exécutaient des divertissements scéniques dans le swarga ou paradis d'Indra pour amuser les dieux et les déesses. Quoi qu'il en soit de ces origines mystiques, le drame hindou fut vraisemblablement inauguré sur la terre, au milieu de cités opulentes et splendides, vers le temps où les Gaulois, nos ancêtres, habitaient de chétives bourgades, se plaisaient aux sacrifices humains et s'age- nouillaient en tremblant, au fond des forêts, devant les druides, les prophetessesetlesmagiciens.il était, ce semble, national; car il n'aurait pu s'inspirer que du drame grec ou du drame chinois : or, il n'a ni la majestueuse régularité du premier ni l'extravagante complication du second. Il ne dut rien ni aux Egyptiens, ni aux Perses, ni aux Arabes, les nations musul- manes étant généralement restées étrangères aux représen- tations de cette espèce. De plus, il déclina visiblement à partir du XIV e et du XV e siècles, et ce n'est précisément qu'à cette date ou même plus tard que le théâtre français et les autres théâtres européens firent leur apparition.

Chez les Indiens, les spectacles paraissent ne pas avoir été publics, au sens strict du mot : accompagnés de chants et de ballets, renfermés dans l'enceinte des appartements parti- culiers ou dans des salles improvisées, ils étaient probable- ment, réservés aux râjas ou princes, aux kschatlriyas ou nobles et aux brahmanes ou prêtres. Ces spectacles, au lieu d'être nombreux et permanents comme à présent, n'étaient donnés qu'à de longs intervalles et dans des circonstances solennelles, telles que le couronnement d r un roi, la nais- sance d'un enfant et surtout d'un fils, la rencontre d'un ami revenu de voyage, la prise de possession d'une maison ou d'une ville, principalement la fête de quelque dieu. Nos

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