Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/306

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qu’il est fonde sur des événements qui ont toutes les apparences de la réalité. Il est très-difficile effectivement, vu la ressemblance des noms et des incidents, de ne pas assimiler un des nombreux personnages qui y figurent, Tchandra-Goupta, le roi de Pâlalipoutra ou Pouchpapoura (la ville des fleurs), à ce roi de Pâlibothra, qui gouvernait les Prasiens et les Gangarides et qui est appelé Sandracottus chez Justin, Androcottus chez Plutarque. Cette coïncidence est l’unique lien qu’on ait découvert jusqu’ici entre les annales antiques de l’Inde et celles de la Grèce au point de vue. de l’histoire authentique. Le Sandracottus des Grecs était contemporain d’Alexandre : d’une extraction infime, il était parvenu au pouvoir par ses intrigues et son courage. Mégasthène, historien et géographe, qui avait rédigé un Voyage dans l’Inde aujourd’hui perdu, fut député vers lui en mission, l’an 295 avant Jésus-Christ ; il visita sa cour et son camp où étaient réunis quatre cent mille hommes. On prétend que ce prince avait profité de la mort subite du conquérant macédonien pour soulever contre un des lieutenants du grand homme, le roi de Syrie Séleucus Nicator, les deux rives du Gange et presque tout le Pendjab, et que Séleucus, à qui il avait envoyé un riche présent d’éléphants, avait conclu avec lui, en 305, un traité honorable, par lequel il lui garantissait ses conquêtes et lui donnait en mariage une de ses filles.

Quant au Tchandra-Goupta de la tradition locale, surnommé aussi Vrichala et Môria, il était petit-fils de Sàrvarthasiddi, souverain de Maghada. Celui-ci, d’une femme noble appelée Sounandâ, avait eu neuf enfants et d’une seconde épouse, Mourâ, qui était de la caste des soûdras: ou plébéiens, un seul fils, Tchandra-Goupta. Un brahmane, Wishnou-Goupta (nommé encore Cotilya ou Tchânakya), avait été outragé par ces neuf princes, qui l’avaient violemment chassé d’une salle de festin. Entreprenant et vindicatif, il prit sous sa tutelle le jeune Tchandra-Goupta que ses frères