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LE THÉÂTRE INDIEN. 313

par un mauvais génie,' devenant à moitié fou de douleur, quand elle est enlevée et transportée au temple de Kâli, puis réuni à elle, grâce au pouvoir d'un magicien bienfaisant et malgré l'opposition des esprits infernaux.

��VII

��Nous compléterons cette liste sommaire, mais suffisante, en citant plusieurs petits ouvrages d'un ton léger et satirique, qui contrastent d'une manière frappante avec la couleur or- dinaire des pièces indiennes. Tel est le Sârada-Tilaka, simple monologué, mêlé de descriptions, de récits ou de lambeaux de dialogue, débité par un acteur comique qui, dit-on, chan- geait sa voix et même son costume selon les situations qu'il exposait. Peut-être recourait-il à la ventriloquie, qui était parfaitement connue des anciens et notamment des Orientaux, et ces transformations d'organe et d'extérieur font songer aux facéties actuelles de nos comiques de bas étage. Ce badinage médiocre et obscur passait pour être de Sankara- Cavî de Bénarès et dater à peu près du XII e siècle ; voici à quoi il se réduit. Un homme du caractère le plus libre, nommé Rasica-Sékhara, énumère les promeneurs et surtout les pro- meneuses qu'il rencontre dans les rues de la ville, plus ou moins imaginaire, de Colahalapoura (la ville du tumulte). Il dépeint la beauté et la toilette des femmes, venues des diverses provinces d'alentour, ayant aux oreilles et au nez des anneaux de perles ou de gracieux coquillages, au corset des nœuds de pierreries, à la ceinture des grelots, aux pieds des chaînettes d'argent, aux bras des cercles d'or, entre les tempes et aux joues des traces marquées avec du safran ou du vermillon, sur leur tête des voiles transparents, sur leurs robes de riches broderies, sur toute leur personne des parfums exquis. Il dessine aussi le portrait des religieux qui s'offrent sur son

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