Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/44

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pierre, et dont il est si fréquemment question dans les livres sanscrits, y reçoit de pieux hommages. Enfin, certains hymnes du Rig, rejetés à la fin et peut-être plus récents que les autres, ont une destination plus humaine, puisqu’il s’y agit d’épithalames ou de chants du sacre en l’honneur des princes, de prières pour obtenir la victoire, pour recouvrer la santé, pour ressusciter un mort, ou de formules d’imprécations contre des rivaux et des ennemis.

Plus de cent cinquante hymnes sont adressés à Agni, le dieu qui, pour le salut de l’humanité, s’est incarné dans la personne d’Angiras, ce sage de race royale. Agni n’est pas le feu qui consume et ravage, mais le feu qui échauffe et éclaire : il brûle sur les autels, il sert à façonner les métaux et à transformer les aliments ; il faut le bénir et le remercier. Le poète Vâmadéva lui rend un solennel hommage :

Le juste Agni, prêtre et pontife, nous apparaît mortel au milieu des mortels, dieu entre tous les dieux ; il vient animer le sacrifice, il vient briller devant nous, il vient recevoir les holocaustes de la race de Manou… Ô toi qui donnes la vie, que ce sacrifice nous procure des génisses, des agneaux, des coursiers, de solides amis, des appuis inébranlables ! que notre famille soit nombreuse, notre opulence splendide ! Protège énergiquement l’homme qui, pour soutenir l’éclat de tes feux, couvre de sueur son corps et son front ; arrache-le aux étreintes du méchant. Qu’il devienne riche, qu’il ait une félicité durable, ce fidèle et dévoué serviteur qui satisfait tes désirs et te présente des offrandes, qui verse pour toi des libations fécondes et qui t’accueille à son foyer comme un hôte béni !… Dieu sage, distingue entre les mortels les mauvais et les bons, ainsi que le cheval sait distinguer sur son dos les fardeaux lourds ou légers ! Agni, tandis que, dans le but de te posséder, nous travaillons des pieds, des mains, de tout notre corps, les prêtres accomplissent également leur tâche… Sage et prudent Agni, nous devions célébrer tes louanges ; écoute notre prière ! Lève-toi dans ta splendeur ; ajoute à notre richesse : divinité généreuse, accorde-nous de grands biens !

Jamais culte ne fut plus conforme aux habitudes, aux idées, à la vie d’un peuple. Les pâtres de la Bactriane et du Pend-