Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De tous les phénomènes de la nature, le plus éclatant, le plus capable d’émouvoir le cœur et d’exciter l’imagination des peuples primitifs, c’était la marche apparente du soleil. Aussi l’image du dieu glorieux qui dissipe les ténèbres de la nuit et verse sa lumière sur le monde revient-elle souvent dans les chants védiques :

Voici qu’à la vue du monde entier les rayons de la lumière annoncent le dieu qui sait tout, le soleil. Devant ce soleil qui vient tout éclairer, les étoiles disparaissent, à la manière des voleurs, en même temps que les ombres de la nuit. Étincelants à l’égal du feu, ses rayons saluent toutes les créatures. Tu passes, tu te montres aux yeux de tous les êtres, tu produis la lumière, ô soleil, et de ta splendeur tu remplis les airs ; tu te lèves devant la troupe des dieux, devant les hommes, devant le ciel, pour que chacun te voie et t’admire. Ô dieu qui purifies et qui soulages, de cette même clarté dont tu couvres la terre chargée d’hommes, tu inondes les deux et l’air immense, créant les nuits et les jours, et contemplant tout ce qui vit. Sept cavales au poil fauve trament le char qui te porte, radieux soleil ! Dieu qui regardes tout, ta belle chevelure est couronnée de rayons… Et nous, après le départ des ténèbres, revoyant une lumière plus belle chaque jour, nous venons nous prosterner en face de celui qui brille entre tous les dieux, et qui est le plus éclatant de tous les astres.

Le soleil portait bien des noms différents, selon qu’il semblait se lever ou se coucher, selon qu’il éclairait les nuages ou qu’il se reflétait à travers les eaux, selon qu’il répandait le jour sur la terre ou qu’il fécondait les plantes. On l’appelait tour à tour : Soûrya, Varouna, Savitri, Pouchân, Mitra, Aryaman, Bhaya. Vâmadéva l’a chanté sous la forme d’un coursier éclatant et fougueux, en des termes qui rappellent la sublime description du cheval dans le Livre de Job :

Voyez le cheval Dadhicrâs, auteur de tant de prouesses, gardien de tous les hommes, vif, agile, impétueux, héros à l’aspect radieux et capable, comme un puissant roi, de déchirer ses ennemis. De même qu’un torrent se précipite d’une colline, il s’élance, et tous les hommes le chantent et l’honorent. De ses pieds, il