Page:Soupé - Études sur la littérature sanscrite.djvu/62

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un dieu spécial. Cette plante sacrée (sarcostema viminalis) était, non pas cueillie à la manière du gui des Gaulois, mais arrachée au haut d’une montagne à la faveur d’une nuit claire, apportée sur un chariot chez celui pour lequel se célébrait la fête et broyée avec soin. Le jus qu’on en retirait, en y ajoutant de l’eau, de l’orge, du beurre clarifié et des grains, et en la passant à travers un filtre de peau de vache, devenait une liqueur fermentée, qui procurait la félicité la plus pure et, en tout cas, l’ivresse la plus complète aux fidèles qui l’absorbaient. Ce qui est fort étrange, c’est que Soma était aussi un génie divin ; il participait donc doublement aux cérémonies saintes : par sa substance idéale et par sa forme matérielle, et on nous le montre quelque part, souffrant pour sauver les autres, offert par la main des prêtres, reçu et contenu dans un vase.

Le Sâma-Véda abonde en détails sur les rites religieux : outre le culte de Soma et du Feu, celui des Pitris et celui du cheval (réunion de cent sacrifices heureux), y sont minutieusement décrits. On y voit les Brâhmanes plus fréquemment mentionnés et fort respectés déjà : douze cents vaches sont la juste part qui leur revient en dîme et en tribut. Pour la fête du Soma seulement, il y a sept catégories de prêtres : le Hotâ, qui chante les hymnes du Rig ; l’Oudgâtâ, qui débite ceux du Sâma ; le Potâ, qui prépare les objets dont on se servira ; le Nesthtâ ou Kartâ, qui verse dans la flamme les liquides consacrés ; le Brahmâ ou Oupadrishtâ, qui dirige et conduit tout ; le Rahshâ, qui écarte du seuil les profanes au moyen d’un cercle de bois armé de pointes, et le Yajamanâ, qui officie. Quant au sacrifice du Feu, il doit se répéter trois fois dans la journée, être précédé par neuf jours de purifications et avoir lieu dans une salle réservée, placée au bas de la maison du brâhmane, divisée en trois parties et tapissée de kouça ou herbe bénite à dards aigus. Trois bûchers y sont construits ; le seul bois qu’on puisse y employer est le pâla (butea frondosa) : on y dispose vingt et