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Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/345

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MOYEN AGE

La physiologie aristotélique et galénique du système nerveux central traversa, sans modification essentielle, ce qu’on nomme assez improprement la physiologie des Arabes et celle des Scholastiques, ainsi que celle des nombreuses Écoles médicales du xve siècle : aucune découverte importante ne fut ajoutée à la physiologie traditionnelle des Grecs. De l’an 200 à l’an 1500, il n’a point paru un physiologiste de quelque originalité, quoiqu’on rencontre un certain nombre de recherches spéciales intéressantes. La doctrine de Galien, mieux comprise en général que celle d’Aristote, règne et gouverne.

Constantin l’Africain, un des chefs de l’école de Salerne, contribua surtout au réveil de la médecine grecque en Italie et y fit connaitre celle des Arabes. Né, dit-on, à Carthage, il mourut au couvent du Mont-Cassin, en 1087. Voici comme les Chroniques de ce monastère racontent sa vie. Ayant quitté Carthage, dont il était originaire, il passa en Babylonie, où il s’instruisit à plein de toutes les sciences des Chaldéens, des Arabes, des Perses, des Sarrasins, des Égyptiens et des Indiens. Après avoir consacré trente-neuf ans à ces études, Constantin revint en Afrique. Quand les Africains le virent si solidement instruit dans les sciences de toutes les nations, ils songèrent à le faire mourir. Connaissant leur dessein, Constantin entra en secret dans un navire en partance et arriva à Salerne. Là il se cacha quelque temps sous des habits de mendiant. Mais reconnu par le frère du roi des Babyloniens, qui était à Salerne, il fut comblé d’honneurs chez le duc Robert Guiscard. Ce fut ainsi que Constantin l’Africain devint moine bénédictin du monastère du Mont-Cassin. Il traduisit (transtulit) dans ce couvent un très grand nombre de livres écrits dans la langue de différentes nations[1].

Ces « traductions » ou plutôt ces expositions des théories et des doctrines des principaux médecins et philosophes grecs, d’Hippocrate et surtout de Galien, ne reposaient certainement pas, d’ailleurs, sur l’étude directe des textes originaux, mais en partie sur des versions arabes de ces textes, versions dont rien ne prouve que Constantin se soit servi sans

  1. Leonis Mas. et Petri diaconi Chronica monasterii Casinensis, I. III (1079). (Wattenbach). Monumenta Germ. histor., VII, 728-9. 743