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Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/379

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TEMPS MODERNES



Les travaux et les découvertes des grands anatomistes du XVIe siècle, Sylvius, Charles Estienne, Vésale, Fallope, Servet, présentent un caractère de haute originalité. Mais la physiologie du système nerveux central n’était encore que celle d’Hérophile et de Galien. Harvey lui-même n’a pas d’autres idées sur les fonctions du système nerveux que celles du médecin de Pergame. Varoli (1543-1575), de Bologne, est au contraire un fervent disciple d’Hippocrate.

Varoli commence bien par poser en principe que l’esprit de l’homme est chose « inorganique et incorporelle », et qu’il ne faut croire ni Platon ni Galien lorsqu’ils lui assignent dans le corps un siège déterminé (arbitrantes habere determinatam sedem in corpore), car on serait ainsi conduit de nécessité à soutenir que tous les animaux ayant un cerveau ont aussi de l’intelligence, proposition indigne et basse, où à concéder que les animaux possèdent des parties du cerveau qui n’ont pas d’utilité, ce qu’on ne saurait pas plus attribuer aux ouvrages de Dieu qu’à ceux de la Nature. Il ne fait pourtant point difficulté de reconnaitre que l’âme humaine ne peut percevoir les objets matériels qui lui sont extérieurs sans l’intermédiaire de quelque organe matériel, organe où soient transmises, sous forme de symboles, les espèces des choses sensibles. Tous les philosophes affirment en effet ceci : nihil est in intellectu quod prius non fuerit in sensu ; Varoli en convient. Cet organe, c’est le primum ou commune sensorium. Quel est son siège ? Platon,Galien et tous les médecins croient que c’est le cerveau (cerebrum) ; mais tous les Péripatéticiens affirment que c’est le cœur même (cor ipsum). Aristote et Galien conviennent que le primum sensorium doit être l’origine des nerfs (principium nervorum). Mais Galien, de par l’expérience, a cause gagnée : la dissection apprend en effet que le cerveau (et non le cœur) est le principe des nerfs. C’est donc le cerveau qui est le primum sensorium ; c’est lui qui recoit toutes les images sensibles des choses sans leur matière.

Comme sentir c’est souffrir (sentire est pati), le cerveau est fait d’une substance molle, humide, aqueuse, dont la mollesse n’est pas toutefois sans quelque consistance, afin que les impressions y puissent persister et